Festival Au Pont Du Rock
Entretien avec

Jérôme Coudanne

« Au Pont du Rock, à Malestroit, nous sommes en terrain familier » lance Jérôme Coudanne, compositeur et parolier du groupe Déportivo. « Nous étions déjà présents à ce festival en 2012. »

Les musiciens de Déportivo se sont rencontrés à Bois-d’Arcy (78), ville positionnée entre Versailles et Trappes. Passionnés par le rock, encouragés par les prestations de groupes comme les Wampas, Noir Désir…et bien d’autres, ils créent Déportivo, groupe de rock indépendant français en 2001. Deux années plus tard, ils signent avec Barclay records en 2003.

Au fil du temps, le groupe originel avec Jérôme Coudanne (auteur-compositeur, chanteur-guitariste), Richard Magnac (bassiste), Julien Bonnet (batteur) s’étoffe avec l’arrivée de Cédric Leroux (guitare). Quelque temps plus tard, Clément Fonio remplace Richard Magnac à la basse et Alexandre Maillard prend en charge les claviers.

Sur des textes et musiques de Jérôme Coudanne, les autres musiciens viennent s’appuyer, proposant alors leurs interprétations et ça fonctionne plutôt bien.

Jérôme Coudanne explique sans détour n’avoir pas fréquenté conservatoires ou écoles de musique mais être venu à la composition des textes comme de la musique en vrai autodidacte. « Lorsqu’on exerce divers petits boulots, qu’on travaille comme manutentionnaire, dans les usines la nuit auprès de gens de condition modeste… ça offre indéniablement l’occasion de réfléchir à sa condition, à l’évolution sociétale etc. C’est quelque part inspirant » lance le chanteur.

« On fait ce que l’on aime »

Outre son activité au sein du groupe, Jérôme Coudanne précise être comme bien des musiciens… « On ne roule pas sur l’or mais on fait ce que l’on aime. C’est d’ailleurs ma seule activité professionnelle » cite-t-il, rappelant que son groupe n’est plus attaché à une maison de disque.

« Nous sommes indépendants. Mais s’auto-gérer, assurer la promotion du groupe, programmer des concerts… tout cela nécessite une forte implication, une réelle activité… En réalité, on fait comme on a envie. »

Malgré cet emploi du temps chargé, Jérôme Coudanne trouve néanmoins le temps d’interpréter des chansons voire de réaliser des albums (« Populaire » en 2020), avec des gens comme Robin Feix (bassiste de Louise Attaque) par exemple.

« L’Olympia en 2025 »

Mais comme il le répète volontiers, « il faut se bouger, anticiper, être en mesure de répondre au public qui nous suit. Nous sommes dépendants des gens qui aiment notre musique. Nous serons à l’Olympia en 2025. Là encore, il convient de ne pas se louper, et d’ores et déjà de mobiliser notre public. »

Le temps s’est écoulé depuis vos débuts, la première partie des Vampas, de vos prestations à La Cigale et au Bataclan… « Notre premier album était un mélange d’expérience personnelle, de vécu en banlieue, peut être parfois de frustration… Nous sommes de classe sociale moyenne donc le social, reste forcément en fond » indique Jérôme Coudanne.

« Il faut positiver, rêver… »

« Mais nous ne sommes pas le poing levé ! J’aime beaucoup l’idée de profiter des choses, de ne pas négliger ses envies, rêves… Mais plus que toute autre chose, je considère qu’il faut surtout lutter contre la frustration. La frustration, c’est l’un des cancers principaux de notre société. Elle rend les choses négatives, alors qu’au contraire, il faut positiver, rêver, aller jusqu’au bout de ses envies. »

Associé à Robin Feix pour Vertige, Jérôme Coudanne sort « Populaire ». Un album dans lequel il analyse ce qu’il voit, ce qu’il est…« Vertige », c’est une analyse de ce que j’ai vu, en rapport par exemple avec le mouvement indépendantiste catalan. 

« Elle avait perdu le sens des réalités »

« La foule semblait avoir perdu le sens des réalités ! Sous le coup de l’émotion, les gens peuvent prendre de mauvaises décisions, se laisser aller. Pourtant, il faut apprendre à contrôler ses émotions, ne serait-ce que pour ne pas être à la merci de personnes mal intentionnées » souligne l’auteur-compositeur, citant Gustave Le Bon et à son ouvrage «Psychologie des foules».

« En terrain familier à Malestroit »

« Nous sommes heureux de participer Au Pont du Rock, festival qui offre des concerts, pas simplement du divertissement. Au Pont du Rock, il existe un équilibre parfait grâce à tous ceux qui se mobilisent, mais aussi du fait d’une certaine éthique, d’une envie indéniable de partage entre les artistes et le public » précise Jérôme Coudanne.

« Je le répète, nous sommes très contents de jouer à Malestroit : un festival où nous étions déjà venus en 2012. Nous sommes en terrain familier, on se sentait réellement à notre place. Un tel festival aide à renforcer un territoire, une communauté au travers d’un investissement collectif offrant une projection vers l’extérieur… C’est effectivement positif pour la ville, son territoire et le département. »

Jean Michel Fournier