Festival Au Pont Du Rock
Entretien avec

Bertrand Belin

AUTEUR-COMPOSITEUR-INTERPRÈTE MAIS ÉGALEMENT ÉCRIVAIN ET ACTEUR, BERTRAND BELIN EST UN PEU COMME CHEZ LUI À MALESTROIT.

Né à Auray en 1970, il passe son enfance à Quiberon. « Ma mère s’occupait de nous : quatre frères et soeurs, tandis que mon père faisait la pêche voire bossait dans d’autres activités professionnelles » précise Bertrand Belin.
« Mon grand frère passionné de musique me faisait partager sa passion et naturellement comme lui, je suis devenu musicien, guitariste». Les années de scolarité passées -« l’un de mes meilleurs copains était originaire de Malestroit »-, à l’âge de 19 ans, Bertrand Belin intègre le groupe Stompin’Crawfish, avec lequel il joue pendant pas moins de six ans. Cela lui donne d’ailleurs l’opportunité d’enregistrer deux albums comme guitariste.

A Malestroit en 1996 avec Sons of the Desert

Fort de cette première expérience, il quitte Stompin’Crawfish et rejoint, toujours comme guitariste, le groupe anglais Sons of the Desert avec lequel il tourne un certain temps. « C’est d’ailleurs avec ce groupe qu’en 1996, j’ai joué pour la première fois à Malestroit, dans le cadre du festival Au Pont du Rock » souligne-t-il, heureux de s’y produire à nouveau dans quelques semaines, et dans un autre contexte.

« Sons of the Desert avait sorti son album Greedy. J’ai aussi collaboré à l’enregistrement de Good night noises everywhere » poursuit l’artiste.

En 2005, il sort son premier album « Bertrand Belin » suivi deux ans plus tard d’un deuxième «La Perdue». L’auteur-compositeur va ainsi sortir pas moins d’une petite dizaine d’albums solo. Avec son cinquième album « Cap Waller » sorti en 2015, il est lauréat d’un prix décerné par la Sacem. Son septième album, «Tambour Vision » est quant à lui sorti en 2022. Outre sa production musicale, Bertrand Belin écrit des textes pour de nombreux interprètes, Vanessa Paradis par exemple, avec « Vague à l’âme soeur » ou encore des musiques pour Marie-Claire Buzy «Où vont mourir les baleines »…

Ma vie entière consacrée à la musique…

Bertrand Belin est sur tous les fronts, multiplie les collaborations : compositions de musiques de films, spectacles, publications diverses… Il intervient également comme acteur, écrivain et publie plusieurs romans. Dans son dernier livre : « Vrac » publié chez P.O.L. il évoque son enfance, son adolescence… « Ma vie entière est consacrée à la musique, à l’écriture, à jouer des rôles… Comme bien des gens, je n’échappe pas à la règle, je m’interroge sur notre vie dans cette société, dans ce monde, dans cette marmite de laquelle il n’est pas toujours simple de s’échapper.»
Bertrand Belin considère que chacun a un rôle à jouer ou à tenir, mais c’est une histoire de personnalité… « On peut faire valoir son point de vue, sachant que tout le monde ne se sent pas d’être militant. Certains s’engagent, d’autres au travers de leurs textes, leurs chansons… tentent de délivrer des messages. Une chanson d’amour peut aussi apporter du bien » poursuit-il. « Une chanson n’a jamais arrêté une guerre, n’a jamais empêché d’en faire une… Elle contribue toutefois à rendre les choses plus supportables, peut-être moins suffocantes. » Lorsqu’on le compare à Alain Bashung, l’artiste répond : « c’est certain qu’il existe des familles d’artistes, avec des points communs. Comme bien d’autres, j’ai été baigné par des musiques pop, rock…comme lui dans les années 60. On écoutait alors ce qui se faisait en Amérique, en rupture avec ce que l’on nommait la chanson française. »

Des efforts pour y arriver

Évoquant le monde de la culture en général et la condition des artistes aujourd’hui, Bertrand Belin reconnaît que le modèle économique en France, comme en Belgique etc. contribue à favoriser la création artistique… Mais cette politique culturelle n’est pas seulement axée sur les artistes, elle prend en compte plus largement les besoins du public en attente de lieux de spectacles appropriés, de salles culturelles, de concerts etc.

« C’est un secteur économique important » reconnaît il, mettant toutefois un bémol pour rappeler que de nombreux artistes ne gagnent pas leur vie, vivent difficilement de leur métier… « Ce n’est pas simple. Il faut souvent faire des efforts pour y arriver. En ce qui me concerne, je n’ai pu sortir mon premier disque qu’à l’âge de 35 ans ! »

Un copain depuis le lycée

Mais revenons Au Pont du Rock, au festival de Malestroit… « C’est coloré de choses personnelles. J’ai un copain – depuis le lycée- à Malestroit. Nous avons de bons souvenirs. Quant au festival, c’est réellement un formidable lieu d’échanges, un endroit que l’on n’oublie pas » indique-t-il, expliquant que pour sa prestation, « nous serons six sur scène »: Julien Omé, guitare, Jean-Baptiste Julien, clavier, Thibault frisoni, clavier basse, Lara Oyedepo Marimba et Sylvain Jouasson, batterie, tous excellents musiciens.

Partager le moment à 100%

« L’événement sera joyeux : ça va pulser ! Tous, public, organisateur, groupes… nous devrons partager le moment à 100% » clame Bertrand Belin, ne cachant pas un petit pincement au coeur à l’idée de retrouver Malestroit. « Lorsqu’on constate la mobilisation d’autant de bénévoles, la preuve est faite que les gens ont envie d’une autre vie, envie de passer du temps ensemble… Un festival, c’est un événement dans un pays. C’est plutôt bien » confie l’artiste, pointant que lors de son concert : « il y aura des surprises… C’est le principe même d’un concert live, même si je ne suis pas Madonna ! »

Jean Michel Fournier